Introduction
Jusqu’à maintenant, on s’attendait à ce que chaque personne née au Nouveau-Brunswick vive plus longtemps en moyenne (espérance de vie à la naissance) que les générations précédentes. L’espérance de vie au N.-B. a toujours été légèrement inférieure (de neuf mois) à celle du citoyen canadien moyen. Par exemple, l’espérance de vie moyenne à la naissance au Nouveau-Brunswick en 2012 était de 81 ans, tandis qu’elle était de 81 ans et neuf mois pour la moyenne canadienne.
Depuis 2013, l’espérance de vie à la naissance des Néo-Brunswickois a diminué, contrairement à l’espérance de vie du Canadien moyen. En moyenne, une personne née au Canada entre 2017 et 2019 devrait vivre environ seize mois de plus (jusqu’à l’âge de 82 ans) qu’une personne née au Nouveau-Brunswick (80 ans et 8 mois).
L’impact de la mortalité évitable sur l’espérance de vie
L’espérance de vie dépend, parmi d’autres facteurs, du nombre de personnes qui décèdent prématurément d’une cause potentiellement évitable. La mortalité potentiellement évitable (le terme « potentiellement » est sous-entendu dans le reste du document) est définie comme une mortalité prématurée (avant l’âge de 75 ans) qui ne devrait pas se produire en présence de soins de santé efficaces et opportuns, accompagnés de mesures de prévention. Des exemples de mortalité évitable peuvent être des décès dus à des accidents liés au transport ou liés à certains types de cancers.
Au cours des 70 dernières années (surtout des années 1950 à 1990), les améliorations apportées aux services de santé préventifs, comme par exemple:
- l’immunisation par la vaccination
- les campagnes d’abandon du tabac
- les médicaments contre la tension artérielle
- les médicaments contre le cholestérol
Ces améliorations ont contribué à réduire l’apparition de certaines maladies associées à des décès évitables et à ajouter plusieurs années à l’espérance de vie à la naissance.
Les décès évitables semblent être en baisse pour l’ensemble du Canada (selon le taux par population), contribuant à l’augmentation de l'espérance de vie des Canadiens. Cependant, depuis 2013, un nombre croissant de Néo-Brunswickois ont perdu la vie avant l’âge de 75 ans en raison de causes évitables. Cette réalité a commencé à se répercuter sur l’espérance de vie dans cette province.
Augmentation des décès évitables
Les décès évitables peuvent être attribuables à des causes « traitables » ou des causes « pouvant être prévenues ». Toutes deux affichent une tendance à la hausse au Nouveau-Brunswick au cours des sept dernières années, ce qui contribue à une réduction de l’espérance de vie dans la province.
Les décès (potentiellement évitables) attribuables à des causes pouvant être prévenues : des décès prématurés qui auraient pu être évités grâce à des efforts de prévention primaire comme la vaccination, des changements de mode de vie (comme arrêter de fumer) ou la prévention des blessures.
Les décès (potentiellement évitables) attribuables à des causes traitables : des décès prématurés qui auraient pu être évités grâce à un dépistage efficace (comme la coloscopie) et au traitement de la maladie (comme la prise en charge de maladies chroniques ou la radiothérapie pour le traitement du cancer).
Entre 2012 et 2016, environ 1 800 personnes par année sont décédées de causes évitables au Nouveau-Brunswick. Les causes pouvant être prévenues représentaient environ les deux tiers de ces décès, tandis que les causes traitables en représentaient le tiers.
Principales causes de décès évitables
Au cours des dernières décennies, cinq des dix principales causes de décès évitables au Nouveau-Brunswick étaient considérées comme des causes pouvant être presque complètement prévenues; deux sont classées comme des causes principalement traitables; les trois autres sont influencées à parts égales par un traitement et une prévention efficaces (c'est-à-dire la prévention de leur apparition et la prise en charge efficace après leur apparition sont importantes pour éviter la mort prématurée).
L’analyse des décès évitables au Nouveau-Brunswick de 2007 à 2011 et de 2012 à 2016 a révélé une augmentation de plus de 20 % parmi les causes suivantes :
- la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)
- l'accident vasculaire cérébral (AVC)
- le diabète
- le cancer colorectal
Une perspective régionale
Bien que les décès évitables augmentent à l’échelle provinciale, l’examen des tendances régionales nous permet de comprendre quelles causes ont contribué à l’augmentation de la mortalité et dans quelles régions.
La MPOC est le facteur qui contribue le plus à l’augmentation des décès évitables (augmentation de 29 %); c’est une maladie qui est considérée comme pouvant être prévenue la plupart du temps. Les taux de décès évitables attribuables à la MPOC ont augmenté de plus de 20 % dans toutes les zones, sauf la Zone 1 (région de Moncton et du Sud-Est). Les principales augmentations sont observées dans les zones 4 (région du Madawaska et du Nord-Ouest), 5 (région de Restigouche) et 6 (région de Bathurst et de la Péninsule acadienne). C’est dans les zones 5 et 6 que le nombre de décès attribuables au cancer colorectal (une maladie traitable) a le plus augmenté.
Rôle clé de la prévention
Deux maladies qui ont provoqué le plus de décès entre 2012 et 2016 sont considérées comme pouvant être totalement ou partiellement prévenues (MPOC et diabète). Les services de prévention et de promotion de la santé sont fournis principalement dans le cadre de la santé primaire et de la santé publique. Conjointement avec les initiatives communautaires axées sur la promotion de la santé, ces services sont essentiels pour réduire l’apparition de ces maladies chroniques, et les décès prématurés qu’elles peuvent causer.
En 2018, les deux maladies étaient plus prévalentes au Nouveau-Brunswick comparativement à la moyenne canadienne.
Les services de santé primaires sont importants pour prévenir l’apparition de ces maladies chroniques. Au cours des dix dernières années, le CSNB a souligné la nécessité d’améliorer la qualité de la santé primaire (y compris l’accès opportun aux services de santé primaires et les efforts de promotion de la santé) pour aider les citoyens à adopter et à maintenir un mode de vie sain, et à éliminer les obstacles aux services de prévention (dépistage, tests, médicaments, etc.).
Le tabagisme, la sédentarité, l’hypertension artérielle et l’obésité sont d’importants facteurs de risque qui contribuent à au moins sept des dix principales causes de décès évitables au Nouveau-Brunswick. Par le passé, les Néo-Brunswickois ont fait moins belle figure à l’égard de ces facteurs de risque que leurs pairs canadiens, ce qui fait de la prévention efficace et des changements de mode de vie des facteurs importants pour vivre plus longtemps sans maladies chroniques.
Moins de fumeurs au N.-B.
Sur une note positive, malgré la tendance inverse des années précédentes, il y a maintenant moins de fumeurs de cigarettes au N.-B. (14 %) comparativement à la moyenne canadienne (16 %). Bien que cette constatation n’ait pas d’effet immédiat sur l’incidence du cancer et les maladies pulmonaires, si la réduction se maintient, elle pourrait mener à une diminution des maladies chroniques à l’avenir.
Mise en garde au sujet du radon
Le radon est un gaz qui est naturellement présent dans les roches et les sols. À l’extérieur, le gaz est dilué, ne causant aucun risque pour la santé. Cependant, à l’intérieur d’une maison ou d’un bâtiment, il peut s’accumuler à de concentrations élevées. Il a été prouvé que l’exposition chronique au radon est un facteur de risque pour le cancer du poumon et qu’il s’agit de la principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs. Lorsqu’il est associé au tabagisme, le radon augmente le risque de cancer du poumon. Les concentrations de radon varient d’une région à une autre du pays. Selon un sondage pancanadien sur les concentrations de radon dans les habitations, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba ont de loin les concentrations de radon les plus élevées au Canada. (Santé Canada, Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations, 2012).
Rôle du traitement
Des services de santé opportuns et efficaces contribuent à réduire la mortalité évitable attribuable à des causes traitables, qui représentent le tiers des décès évitables. La prise en charge efficace de maladies chroniques comme le diabète, les maladies du cœur et les accidents vasculaires cérébraux, ainsi que la prise en charge optimale des cancers du sein et colorectal améliorent la qualité de vie des citoyens atteints de maladies chroniques et réduisent leur risque de mourir des suites de cette maladie.
Malheureusement, lorsqu’on leur a demandé s’ils avaient confiance en leur capacité de contrôler et de gérer leur état de santé, seulement 41 % des Néo-Brunswickois atteints d’un ou plusieurs problème(s) de santé chronique ont déclaré être très confiants dans leur capacité à contrôler et à gérer leur état de santé (édition 2017 du Sondage sur la santé primaire). Ce pourcentage variait de 31 % dans la la Zone 4 (région du Madawaska et du Nord-Ouest) à 43 % dans la Zone 2 (région de Fundy et de Saint John) et la Zone 3 (région de Fredericton et de la vallée).
L’accessibilité au traitement du cancer, comme la radiothérapie, est un exemple de services qui peuvent réduire le taux de mortalité attribuable au cancer. Malgré les gains réalisés au N.-B. entre 2010 et 2015 pour ce qui est du respect des normes de délai à l'accès à la radiothérapie en quatre semaines, les temps d'attente ont récemment commencé à se rallonger.
Conclusions
Après une augmentation constante au fil du temps, l’espérance de vie est maintenant en baisse au Nouveau-Brunswick. L’augmentation de la mortalité évitable a contribué à cette baisse. Les causes évitables de décès doivent faire l’objet d’un suivi étroit et être mieux compris à l’échelle locale.
Des services de santé et des programmes de santé publique accessibles et efficaces peuvent prévenir l’apparition de nombreuses causes de décès évitables et améliorer les chances de survie des patients atteints de maladies qui peuvent être prises en charge et traitées adéquatement.
Une meilleure attention aux aspects à améliorer dans la qualité des services de santé (à la fois pour la prévention et le traitement) pourrait contribuer à sauver la vie des Néo-Brunswickois et à augmenter leur espérance de vie.